Brass Band FREXIT

 

Rayonnement (inter)national

On ne va pas épiloguer, le championnat s’est déroulé à l’abri des regards, dans l’indifférence générale des institutions internationales.

            - Rien sur 4barsrest, site de référence en la matière d’habitude présent sur le championnat national français comme sur tous les championnats européens. [NDLR] Au moment de la rédaction de cet article paraissait cependant un compte rendu du championnat par Roy Terry (probablement le seul anglais présent sur place) repris ensuite sur brassbandwold.co.uk.

            - Résultats incomplets sur brassbandresults.co.uk, il suffit d’une création française pour que la pièce se perde dans les limbes du répertoire

            - On trouvera les seuls résultats complets sur brassstats.com… et brassbandinfos.com.
Même sur le site de la CMF on ne trouve pas les programmes libres !

            - seul l’European Brass Band Association salue la victoire du Brass Band Hauts-de-France dans un post à la viralité toute relative

Bref, la qualification des nordistes de HdF pour les championnats d’Europe de 2020 passe inaperçue.

Ceci s’explique malheureusement assez facilement.

Le contexte est en réalité défavorable au suivit de cette compétition qui se situe dans une partie intense de la saison des Brass Band en Europe.

            - Le week-end précèdent le championnat avait lieu le Welsh Open qui a rassemblé cette année 14 ensembles.

            - Le week-end du championnat national s’est déroulé en même temps que 3 autres concours :

  • Le North west area avec les Brass Band Fodens, Leyland, Fairey, Milnrow entre autres. L’ensemble de la compétition rassemblant 75 Brass Band
  • Le North East Midlands Brass Band Association contest qui rassemble 20 Brass Band
  • Le 2019 ODBBA (Oxford) Winter Contest qui rassemble 35 Brass Band

            - Le week-end suivant celui du championnat national s’est déroulé le Yorkshire area avec notamment le Black Dyke, le Brighouse & rastrick Band, le Grimethorpe, le Carlton Main, Hammonds Saltaire (ex-YBS), ou encore Marsden Silver pour ne citer qu’eux. L’ensemble rassemblant 54 Brass Band.

Ainsi, on comprend mieux que le championnat national français du haut de ses… 12 ensembles, toutes catégories confondues, ne présente que peu d’intérêt.

 

Passionnés de Brass Band mais pas de concours

Si encore ce championnat, à défaut de passionner outre-manche, passionnait dans l’hexagone… mais ce n’est même pas le cas. La fréquentation a atteint son maximum en 2015 à Lille avec 17 participants et depuis elle ne cesse de décroitre.

Or, on ne peut pas relier le lieu du championnat à sa fréquentation même si on observe qu’un changement de lieu a tendance à entraîner une baisse subite de fréquentation comme à Amiens en 2010 après 5 ans à Paris, ou Lyon en 2013 après 3 ans à Amiens.

En observant attentivement les statistiques de fréquentation de notre championnat depuis 15 ans, on note que sur 64 Brass Band (voir carte et liste) en moyenne 11 participent au championnat.

On peut ainsi mettre en parallèle le nombre de Brass Band français avec leur présence en championnat.

Avec les courbes du premier graphe, on note effectivement que l’augmentation des ensembles dans l’hexagone (en rouge) depuis la création du premier Brass Band en 1982 va relativement de pair avec l’augmentation de la fréquentation du championnat (en noir) depuis la première édition en 2004. Cependant, en mettant les deux jeux de données à la même échelle (courbes du second graphe), on note de fait que la fréquentation du championnat (en noir) ne suit pas du tout la courbe des Brass Band cumulés (en rouge).

Il y a donc un véritable problème dans l’organisation même du championnat national qui n’a finalement de national que le nom puisqu’il ne réunit qu’une faible proportion des ensembles de notre pays.

 

Quel est l’intérêt d’organiser un championnat national ?

Un championnat nation a pour but de fédérer un mouvement, mais aussi d’apporter des outils de progression techniques, qualitatifs et musicaux. Enfin, l’organisation d’un championnat est un outil de rayonnement international qui permet évidemment à nos ensembles de vivre en dehors de nos frontières.

Le traitement médiatique du dernier championnat indique donc l’échec de notre championnat national.

Or, qu’est-ce qui fait l’attrait d’une compétition musicale ?

Pour BrassBandInfos cela reste la création. À ce cela rajoutons le développement du répertoire mais aussi et surtout de notre répertoire.

Cette année, en première division le Brass Band du Hainaut a créé une pièce français composé par son chef Thibaut Bruniaux : Machu Picchu.

Le Brass Band de Douai a joué Fraternity de thierry Deleruyelle et la pièce imposée en première division était aussi une pièce française du même compositeur, Lions of Legend.

 

Un haut niveau moins international

La répartition des programmes libres et imposés depuis quinze ans est intéressante à observer.

Si on exclut les pièces originaires d’Angleterre qui représentes plus de 60% des programmes libres et presque 70% des programmes imposés, la hiérarchie qui suit diffère. Pour les programmes imposés les pièces Suisses devancent les pièces hollandaises et les compositeurs américains (principalement James Curnow) égalent les français.

A l’inverse, les pièces hollandaises sont préférées pour les programmes libres par rapport aux suisses et les françaises devancent les américaines.

En observant la répartition des programmes libres par catégorie, il est flagrant de noter que la diversité de l’origine des pièces a tendance à se réduire avec l’augmentation du niveau.

L’Angleterre arrive toujours en tête mais si elle représente autant que les programmes imposés en tutoyant les 70%, ceci n’est valable que pour les divisions Honneur, Excellence et 1ère. De fait, elle ne dépasse pas les 50 % pour les catégories 2 et 3. La Hollande est souvent préférée derrière les anglais sauf en 3ème division ou la Belgique prend la deuxième place. Enfin la part des pièces françaises est en progression mais demeure sous les 10 % de pièces choisies pour tenter de glaner un titre national. Elle est même inexistante en catégorie Honneur ou jamais un ensemble n’a tenté l’aventure de jouer une pièce française.

 

Notre Brass Band en plein FREXIT

Mais ce n’est pas tout, globalement la France et le mouvement Brass band français est hors-jeu en Europe.

En janvier dernier, un consortium a réuni les associations nationales de Brass Band de 5 pays européens : Angleterre, Belgique, Hollande, Suisse et Norvège. Ces cinq pays ont décidé de financer et commander une création à Edward Gregson à l’occasion de son 75ème anniversaire en juillet 2020.

La première mondiale aura lieu lors du British Open de 2020, puis, chaque pays imposera cette pièce dans son championnat national et gardera l’exclusivité de cette pièce jusqu’en mars 2021 où celle-ci sera publiée.

Voir l’article de 4Barsrest à ce sujet.

Comment ne pas s’étrangler face au fait que la France, la CMF et la commission Brass Band en tête ne participe pas à ce type de projet ?

Cela indique bien le rayonnement inexistant du mouvement Brass Band français aux yeux des instances européennes mais aussi aux yeux de nos voisins européens.

BrassBandInfos a déjà proposé des solutions pour rendre plus attractif le championnat national. Il faut augmenter le nombre de Brass Band participants et augmenter l’attrait de la compétition en catégorie Honneur en augmentant le nombre des ensembles autorisés à y jouer.

Sans cela il est à craindre que le championnat dépeuplé ne soit plus organisé et la France ne comptera plus parmi les nations du Brass Band. Il restera toujours des Brass Band français mais que peuvent-ils défendre si personne ne les représente ?