Rétrospective par catégorie

Catégorie Honneur

intouchable PBB?

Le PBB est couronné pour la cinquième fois consécutive champion de France, une performance exceptionnelle dans notre paysage musical où les Parisiens allient régularité et progression. Ils représenteront donc la France en 2017 à Ostende (Belgique) lors des championnats d'Europe, mais ils seront d'ors et déjà les dignes représentant de notre mouvement à Lille fin avril.

Victoire méritée, oui, mais victoire logique?

On louera la rigueur d'interprétation dont les Parisiens nous gratifient de plus en plus chaque année, rigueur technique aussi et finesse des solistes. Alors que la lecture de "Of Distant Memories (Music in An Olden Style)" de Gregson, la pièce imposée, nous a laissé avec une demi-satisfaction notamment grâce à des partis pris surprenants, leur interprétation de la toute nouvelle Oeuvre de Waespi a été magistrale de maîtrise et c'est cela que le jury a récompensé. Maîtrise et technique, mais on reste sur notre fin avec "Hypercube", il faut désormais que les musiciens de Florent Didier entrent en profondeur dans cette pièce pour lui donner tout son sens et ne pas la faire paraître uniquement comme un challenge technique dont le but, in fine, serait de s'extirper.

Voici la description de la création du PBB :

"Hypercube" is a musical narrative partly inspired by the architecture of the Grande Arche de la Défense in Paris whose shape has occasionally been compared to a hypercube. With this landmark building as a starting point, the piece explores the poetry and reality of urban landscapes. The shape of a hypercube - a cube within a larger cube - finds itself mirrored in the music insofar as many motives have analogue, correspondent counterparts of different size yet similar proportions. Moreover, the actual Grande Arche presents a massive basic structure contrasted by elegant veils suspended over the inner court, called "Nuages" (clouds). This contrast also finds an equivalent in the music. In the course of the piece, these contrasting, albeit rather static elements are being torn into a dramatic and virtuosic development in extended sections named "Le Vertige" (vertigo).

De son côté, le Brass Band NPDC avait sorti l'artillerie lourde. 6 tubas pour encadrer une ligne de basse imposante, la maîtrise était là aussi, mais pas les équilibres. Nous aurions adoré entendre Sophie BB (soliste sur le programme libre), tant pis pour nous. C'est le principal défaut, impardonnable à ce niveau, des altos inaudibles (mais méritants !) recouverts par 3 euphoniums, 4 trombones et 6 tubas, et une acoustique qui favorise les basses. Hormis cet aspect de leur performance, force est de constater que les nordistes ont rendu deux copies très sérieuses au cours de ces championnats. Dans les deux pièces, les solistes du NPDC ont assuré une technique remarquable, même si le cornet soprano a un peu manqué dans les moments importants du Gregson. Et on a senti des musiciens heureux d'interpréter le "Metropolys 1927" de Graham, ce qui nous fait penser (après la prestation de l'an dernier) que le NPDC est réellement un Brass battit pour jouer du Peter Graham. Cela fait trois ans que le NPDC échoue à un point du PBB pour autant ils n'ont jamais été aussi proche de l'emporter que cette année.

Enfin, Aeolus nous a surpris par sa finesse de jeu et sa musicalité. Si les Parisiens n'ont pas eu la précision de leurs concurrents ils ont eu une réelle qualité musicale d'interprétation et de respect du texte de Gregson. Dans le programme libre, "A Divine Right" de Philip Harper, une pièce exigeante et difficile à aborder, les musiciens de Benoit Fourreau sont sortis la tête haute de leur propre piège en offrant une reddition époustouflante de sensations. Malheureusement, Aeolus a été moins rigoureux, peut-être moins concentré ou moins attentionné et leurs deux performances manquent d'un travail de détail qui leur aurait assuré à coup sûr un meilleur podium.

 

Catégorie Excellence

Le Brass Band du CRR de Douai a mis une grande distance d'emblée avec ses concurrent du jour. Dernier interprète du programme imposée "Brass Triumphant" de Gareth Wood, les musiciens d'Olivier Dégardin ont proposé une interprétation fine et détaillée, fidèle et puissante avec des équilibres contrôlés Leur programme libre était de niveau honneur et le Brass Band du CRR de Douai nous as ravie avec "Abaddon (The Dark Angel)" du Belge Kevin Houben où là encore ils ont surclassé techniquement et musicalement leurs concurrents. Intolérable donc de les laisser en division Excellence, pour eux qui ont le niveau de la catégorie Honneur où ils pourraient encore progresser et se confronter aux plus grands, voire rebattre les cartes de la catégorie reine. Le jury a manqué de lucidité en en décidant autrement.

Brassage, de son côté, a rendu une copie courageuse du mythique "Music Of The Spheres" de Philip Sparke. Une interprétation inhabituelle, du moins éloignée de celles qui sont jouées en Europe mais assumée. Globalement les pièges techniques ont été surmontés. On sent toujours les musiciens de Mathias Charton en train de se faire plaisir en montant des pièces exigeantes comme ils l'avaient déjà fait avec "Daphis & Chloé" (Ravel) à Yvetot en 2014. Reste que Brassage demeure un Brass Band "expérimental" ou "expérimentateur" solidement ancrée en catégorie Excellence et dont la survie auprès des deux ogres locaux Aeolus et PBB semble, par instant, être un défi.

Le Brass Band de Toulouse a eu plus de difficultés dans la pièce imposée où les musiciens ont eu du mal à maîtriser leurs nuances forçant les solistes à jouer plus fort au détriment de la qualité du son. Ils peuvent d'ors et déjà féliciter leur euphonium solo qui au cours des deux performances a été magistral. Leur prestation du programme libre était nettement meilleure, avec "Excalibur, Sword Of justice" de Jan Van Der Roost, les Toulousains ont approché leur vrai niveau et affirmé leur place dans cette catégorie, et ce malgré quelques imprécisions et un manque de cohérence par endroit.

Enfin, les musiciens du Brass Band de Hauts de Flandres ont été désavantagé par le déséquilibre de leur ensemble, 5 tubas et 4 trombones pour 3 altos seulement. Comme leur prédécesseur au tirage au sort (BB Toulouse) la pièce imposée a été un moment plutôt difficile même s'ils s'en sortent mieux que les toulousains à notre sens. Leur programme libre "The Year Of The Dragon" de Sparke est un choix ambitieux qui a tenu les deux premiers mouvements (avec un superbe deuxième volet, mention spéciale au trombone solo), vraiment maitrisés, mais une fin techniquement fatiguée qui a mis du plomb dans l'aile d'une performance pourtant jusque là rondement menée.

 

1ère division

Dans une catégorie où la pièce imposée, "The Kingdom Of Dragons" de Philip Harper n'a pas été un cadeau, tous les Brass band s'en sont sortis avec les honneurs. C'est sur les programmes libres que s'est joué le classement final. L'orchestre des Cuivres d'Amiens s'est un peu empêtré dans "Salome" de Gareth Wood malgré un très bon cornet principal. Comme prévu tout s'est joué entre le Brass Band de Champagne et le Brass Band Atout Vent. Des bons solistes étaient présents dans les deux Brass même si les altos du Brass Band en Champagne n'étaient pas toujours dans un bon jour. Le Brass Band Atout Vent doit surtout sa victoire et sa mention très bien à la belle reddition de "A Pastoral Symphony" de Robert Redhead où les équilibres étaient contrôlés avec une réelle qualité d'ensemble à tous les pupitres.

 

2ème division

La maturité des musiciens du Brass Band de la Côte Picarde l'a emporté dans une catégorie serrée où la victoire se joue à un petit point. Le Brass Band du CRR de Toulouse sous la direction de l'énergique Jean-Guy Olive a été étonnant, surtout compte tenu de l'âge de ses musiciens. On leur reprochera des euphoniums au volume un peu faible mais pour le reste, de l'interprétation à la technique, à l'esprit et aux solistes par instant le Brass Band du CRR de Toulouse a fait passer son concours pour trop facile. Dommage donc qu'ils aient choisit "Arkansas" de Jacob De Hann en programme libre, dommage qu'ils n'aient pas pu tenir jusqu'au bout de leur performance, la fatigue se faisant ressentir.

Fait inhabituel dans cette catégorie, le programme libre des deux Brass Band a été le même, quelle probabilité y avait-il pour que deux Brass Band résidants à plusieurs centaines de kilomètres travaillent la même pièce pour ce concours ? En réalité compte tenu du fait que cette pièce a été imposée dans cette même catégorie en 2013, ce n'est pas si étonnant. De son côté, le Brass Band de la Côte Picarde a fait preuve de plus d'endurance et de contraste. Manquant de finesse par instant, l'ampleur de ses solistes lui a permis de compenser en énergie et de gagner cette catégorie face à un Brass Band de même niveau.

 

3ème division

Dans cette division fournie, le Brass Band du Hainaut n'a pas fait de détails, plus propre et avec une réelle prise de risque gagnante dans leur programme libre, "Dimensions" de Peter Graham, les musiciens de Thibaut Bruniaux ont fait preuve de maîtrise. Enfin dans la pièce imposée "A Devon Fantasy" de Eric Ball ce sont les seuls à avoir eu un deuxième mouvement dansant. Mention très bien amplement méritée pour ce Brass Band qui a bénéficié du meilleur tirage au sort (dernier) et qui a le niveau de la division supérieure.

En deuxième position le Ch'ti Brass s'est réveillé lors de sa seconde prestation, avec son programme libre "Diogenes" de Jacob De Hann où ils ont placé la barre assez haute d'emblée (ils ont ouvert le championnat en jouant en premier). Des médiums trop faibles, mais une bonne interprétation de la pièce d'Eric Ball leur offre une deuxième place logique.

De la même façon le Brass Band musicalis Algrange aurait eu tout à gagner à jouer son programme libre "Broken Sword" de Kevin Houben en premier car ici aussi on a senti un ensemble plus à l'aise et une fin grandiose. Alors que dans le programme imposé les solistes ont manqué de confiance et sont restés discret, un bon cornet soprano a relevé l'ensemble des deux prestations.

Le Brass Band a joué un programme libre, "Penlee" de Simon Dobson, très ambitieux (trop ?) On a senti une pièce difficile et exigeante d'où est sorti une performance courageuse mais pas aboutie. Il manquait des détails et des équilibres. Alors que le programme imposé avait plutôt bien engagé la performance même s'il manquait des contrastes, le Brass Band a été assez propre et bien inspiré dans une bonne interprétation de la pièce d'Eric Ball.

 

remerciements :

- Nous souhaitons remercier la Commission Musicale de France et en particulier Franck Faucomprez, membre de la commission Brass Band, pour nous avoir permis d'entrer aux championnats de France.

- Nous souhaitons remercier le PBB pour nous avoir fournit la description de leur programme libre.

- Nous remercions Céline C. pour nous avoir logé à Lille tout le week-end, mais aussi A.R, P.A et enfin M.C.