L'Equation Simpliste

Retour sur le championnat de France de Brass Band 2016, riche en outils d'analyse de l'évolution de notre culture Brass Band.

Surenchère

Un phénomène intéressant a été observable cette année à Lille lors des championnats de France. Peu d'ensembles respectent la nomenclature habituelle en Brass Band et ce, de la 3ème division à la catégorie Honneur. Beaucoup de Brass jouent effectivement avec 5 tubas voire plus (6 au Brass Band NPDC) au lieu de 4, 4 ou 5 trombones au lieu de 3, 3 euphoniums ou 3 barytons au lieu de 2 de chaque, 5 cornets solo, 2 bugles... Cependant, très peu d'ensembles jouent avec plus d'alto que ne le recommande la nomenclature. Ainsi, un véritable déséquilibre en défaveur des altos s'opère sur scène dans beaucoup de prestations.

Il est intéressant de noter que ce phénomène n'existe pas en Angleterre. En France, le règlement propose une configuration pour les Brass Band de 28 musiciens, mais autorisant jusqu'à 35 musiciens. En Angleterre, la limite est de 25 musiciens plus les percussionnistes.

Ceci explique donc la fuite en avant observée cette année, équation simpliste : plus on ajoute de musiciens plus le son est gras, puissants, impressionnant et plus le Brass sonne. Or, Aeolus lors du concours et le Cory Band lors du concert de gala, pour ne citer qu'eux, ont démontré le contraire.

Décevant

Le Cory justement qui nous a gratifié d'un concert de gala... mièvre. Un programme pas très intéressant, un jeu plat (là où le Black Dyke l'an passé avait joué des pièces de concours et un programme plus exigeant). Le tout servi par d'excellents musiciens qui, de notre avis, sont priés de montrer l'étendu de leur technique... au détriment d'un partage de la musique. Non, vraiment, entendre le meilleur Brass Band au monde jouer un programme aussi pauvre est décevant.

Petite précision, dans son programme la CMF présente le Cory Band comme la plus ancienne formation du Royaume-Uni. C'est faux! Datant de 1884, les Gallois ne sont, certes, pas des perdreaux de l'année, mais le Brass Band le plus ancien et toujours en activité date de 1809 il s'agit du Stalybridge Old Band localisé près de Manchester. Mais on ne compte plus les Brass Band plus anciens que le Cory, Black Dyke (1816), Besses o' Th' barn (1818), Mossley Band (1841), Meltham and Meltham Mills Band (1846), Linthwaite Silver Band (1852), Brighouse & Rastrick (1881)...

 

Chef ou Directeur musical?

La différence est ténue.. y en a-t-il? Pascal Piedefer dans le rôle du présentateur de ces championnats de France, rôle qu'il a tenu avec brio par ailleurs, semble, lui, avoir fait la différence. En effet, pour les divisions 1, 2, 3 et Excellence le "chef de ce Brass Band" était invité à entrer en scène alors qu'à partir de la division Honneur le "directeur musical de ce Brass Band" entre sous vos applaudissements. Plus sérieusement, un directeur musical n'est pas forcément un chef d'orchestre, il s'agit de celui qui choisit l'orientation artistique de l'ensemble et donc le programme joué. Dans la majorité des cas ces deux rôles sont confondus dans une seule et même personne ce qui place un poids important sur les épaules des chefs de Brass Band. Alors qu'un consortium de musiciens décidant, en collaboration avec le chef, du programme offrirait une moins grande responsabilité au chef et lui permettrait de plus se consacrer à la musique.

Par ailleurs notons un point de vocabulaire, la Confédération Musicale de France (CMF) n'utilise pas l'appellation de "championnat de France de Brass Band" (comme nous nous bornons à le faire) pour désigner notre championnat, mais de "championnat national de Brass Band".

Angleterre 9 - France 0

En regardant les programmes libres de cette année aux championnats de France on observe la large victoire de l'Angleterre avec 9 pièces sur 16 (plus de 56%). Vient ensuite la Belgique et la Hollande avec 3 pièces chacune puis la Suisse avec 1 pièce.

En 12 éditions du championnat de France, à une seule reprise une pièce française a été imposée. Il s'agit de "Classical Hymn" de Nicolas Avinée, imposée en 2004 en 1ère catégorie.

De ce que les archives retiennent, seul un Brass Band a déjà joué une pièce française en programme libre à deux reprises. Il s'agit de Brassage (direction : Mathias Charton) en 2010 ils ont joué "L'apprenti Sorcier" de Paul Dukas (arrangement de Philip Littlemore ou Derek Bourgois) et en 2014 "Daphnis & Chloé - 2nd suite" de Maurice Ravel dans un arrangement de Ray Farr.

Sur près d'une centaine de prestations de programmes libres archivés à ce jour (les données des championnats de 2005 et 2006 sont manquantes, n'hésitez pas à nous les faire parvenir afin de compléter nos statistiques) voici la répartition selon la nationalité des compositeurs :

 

 

 

 

 

 

 

Pour ce qui est des programmes imposés (60 depuis 2004 toutes divisions confondus), la répartition est sensiblement la même, on note une inversion entre la Suisse et la Hollande. Cette dernière n'arrive qu'en 3ème position dans les programmes imposés alors qu'elle est préférée dans les programmes libre par rapport aux pièces Suisses.

NB : UK ou Royaume-Uni regroupe plusieurs pays dont la distinction n'est pas faite ici, si la majorité des compositeurs de cette catégorie est d'origine anglaise, une part non négligeable est d'origine galloise, écossaise ou encore irlandaise.