Le chef
27/04/2013 21:14
Notre rencontre avec Jérôme Genza
La réputation, l'histoire, la longévité du Brass Band Val de Loire n'est pas un mystère. Si le BBVL fête ce mois-ci ses 30 années d'existence, c'est aussi grâce à un chef passionné, un musicien de la première heure, quelqu'un qui mène la musique et l'ambiance de tout un groupe et qui, malgré les changements, continue toujours à créer la musique, à transmettre, à partager sa passion. Qui mieux que cette personne pourra retracer l'histoire, juger l'actualité et l'avenir du Brass Band en France. Nous avons rencontré Jérôme Genza, le chef du Brass Band Val de Loire.
C'est en 1987 à 14 ans que Jérôme Genza entre au BBVL. Il en prendra ensuite la direction à partir de 1999. Les expériences et prestations auprès des Brass Band français qui se créent petit à petit sont nombreuses. En 2000, il dirige un morceau avec le Brass Band Nord-Pas-De-Calais dans le cadre d’une tournée de concerts organisée par Yamaha, mais aussi les Brass Band Exobrass et Méditerranée à ses débuts à l’occasion d'une conférence à Nîmes sur le Brass Band. Il a aussi dirigé une pièce qu'il a arrangé pour le tubiste Michel Godard et qu'il dirigera à nouveau pour le concert des 30 ans ce samedi 13 Avril.
Quand on lui demande quelle est sa vision du Brass Band il explique que pour lui le Brass est une sorte de musique de chambre qui donne lieu au final à de l’orchestre «car c’est un travail par binôme, chaque partie est unique et il y a beaucoup de travail de soliste donc, une organisation de musique de chambre.»
On comprend bien par là la passion qui l'anime, avec 150 CD de Brass chez lui. Il nous raconte, «le Brass et les cuivres sont toute ma vie, mes copains,...»
Et les Brass français alors. Il trouve que le son du Brass Band en France est très différent de celui des autres pays, en réalité chaque pays a son son, son identité, ses traditions. Et il se dit content de l’identité du son français qui commence à bien se développer, «On ne peut que se réjouir du développement de nombreux Brass français».
Pour terminer nous n'avons pas pu nous empêcher de lui demander quel Brass Band avait sa préférence. C'est sur l'Angleterre et le Grimethorpe Colliery Band qu'il jette son dévolu de passionné, pour leur son, leur musicalité, même si aujourd'hui au niveau où ils jouent la concurrence est rude.
Jérôme Genza a imprimé au BBVL un fonctionnement très anglais et très strict avec une répétition le lundi soir depuis 30 ans. Un fonctionnement aussi très traditionnel avec un bureau particulièrement actif et des postes peu communs en France comme un archiviste. Il y a bien sûr une cotisation et le système peut paraître un peu rigide mais l'idée est bien que le Brass soit la priorité des musiciens.
De toute son histoire au BBVL il n’y a pas eu d’essoufflement à proprement parler car il y a toujours beaucoup de jeunes ou moins jeunes présents lors des recrutements. Et s'il y a eu quelques moments de blanc, c’est à cause du manque de concerts, d’échéances et donc des absences aux répétitions… «Oui, Il y a même eu des années noires avec deux concerts par an, mais pour autant... pas d’essoufflement!!»
Il s'avoue «pas fan des concours et compétitions» alors quand on lui rappelle que le BBVL est en Championship depuis 2010, «en Championship oui, mais au CP par rapport aux Brass Anglais et à certains Brass français».
Non, son but n'est pas de monter le plus haut possible coûte que coûte. Il veut progresser avec ses musiciens, à leur rythme et surtout «pas question de mettre des gens de côté pour progresser plus vite!», tirer le maximum des musiciens présents, voilà son ambition.
Ainsi, pas de concours national de prévu à la rentrée prochaine «mais peut-être dans quelques années, pourquoi pas». Pour lui le but d'un concours n'est pas le résultat, car il y a souvent déception, mais plutôt de «se fixer un but et une échéance pour monter un programme parfait».
Enfin il aimerait bien enregistrer un troisième CD avec le BBVL, et même s'il n'y a pour l'instant rien de concret, l'idée est là et compte tenu du succès des deux premiers CD, « Brass Band Val de Loire » tiré à 1000 exemplaires en 2002 et épuisé, et « A Christmas Evening » toujours disponible, il souhaite vraiment que ce projet se concrétise.
On a dit que Jérôme Genza multipliait les expériences, c'était sans compter sur ces dernières années où il s'est fortement impliqué dans la formation des jeunes qu'il considère comme primordial. En effet c'est depuis presque trois ans qu'il dirige et fait part de sa pédagogie au Brass Band Exobrass Junior qui se réunit chaque année à la Toussaint pour un stage d'une semaine ponctué par deux concerts. Ainsi, il admire les Brass Junior dans le continuité de leurs aînés et il cite en exemple l'annuel Exobrass Junior mais aussi le désormais hebdomadaire et assidu participant à l'Open d'Amboise le Brass Band Junior du CRR de Tours «car cela permet aux jeunes de jouer autrement, uniquement entre cuivres et d'apprendre de nouvelles choses. Pour moi c'est intéressant, c'est naturel, c'est nécessaire et vital de faire jouer les jeunes dans cette formation».